Presse

A Montreuil, la Parole errante revient à ses racines,

pour ses probables derniers moments 

 par Geoffrey Navabiant

 

Article paru sur :  toutelaculture.com,  3 septembre 2016

Cette semaine, à la Parole Errante (Montreuil), des interprètes non-professionnels remplis d’envie, dirigés par Matthieu Aubert et Joël Zoumana, ont donné à entendre Didascalie se promenant seule dans un théâtre vide, d’Armand Gatti. Un poème dramatique écrit par l’auteur en 2002, puis lu lors de l’inauguration de cette Maison permanente, dont les locaux ne vont plus être occupés de la même façon, à partir de début 2017. La troupe Algarade de Strasbourg est venue à leur suite, avec un spectacle aux thèmes similaires, à revoir en septembre dans l’Est.

Didascalie se promenant seule dans un théâtre vide : l’introduction d’un cycle de pièces titré La Traversée des langages, imaginé par Armand Gatti, auteur-metteur en scène à l’oeuvre imposante, qui fut très souvent jouée par des non-professionnels aux parcours chaotiques. Depuis 1998, sa compagnie, la Parole Errante, était installée à Montreuil, à la Maison de l’Arbre, un lieu aménagé dans les anciens entrepôts de Georges Méliès. A la fin décembre 2016, le Conseil départemental va « récupérer » l’endroit, comme l’a rapporté, en mai dernier Jean-Pierre Thibaudat. C’est donc de manière un peu logique que le dernier « travail d’été » de la Parole Errante – un « stage d’expérience de recherche théâtrale et de tai-chi-chuan », traversant « la Résistance, la physique quantique, la Kabbale, la Révolution russe, l’astronomie, la forêt de la Brocéliande, etc. » – est retourné au texte qui avait servi à son inauguration.

Didascalie se promenant seule dans un théâtre vide, donc. Un poème dramatique travaillé cet été à Montreuil, par des acteurs non-professionnels de tous âges, sous la direction d’Idéokilogramme, structure de production théâtrale installée à Montpellier. En août 2015, un chantier similaire avait donné, au sein du même lieu, une mise en scène très prenante du Cheval qui se suicide par le feu, autre texte signé par Gatti en 1977. En cette soirée de 2016, c’est le comédien Joël Zoumana, également co-metteur en scène aux côtés de Matthieu Aubert, qui a ouvert la danse avec flamme : il incarnait la didascalie du titre, désireuse de dialoguer avec les personnages de l’oeuvre, des « groupes ».

Ces entités dramatiques, comment les qualifier ? Groupes composés des métiers du théâtre, essayant d’entrer en résonance avec un autre groupe, celui des possibles… Ce dernier se fondant sur des figures réelles : celle de Jean Cavaillès, notamment, philosophe des mathématiques et fondateur, en 1942, du réseau de résistance Cohors, qui fut finalement arrêté et fusillé au Polygone d’Arras. Deux livres traversent le poème : un ouvrage jamais écrit, que Cavaillès rêvait d’entreprendre avec Emmy Noether ; et le Livre de la Création, connu aussi sous le nom de Sefer Yetsirah. Au long de l’action de Didascalie se promenant seule…, ces idées en mouvement s’interrogent entre elles, dans le cadre de la Parole Errante d’il y a dix ans, décrite dans le texte. Les oiseaux de la ville de Montreuil, incarnés par certains acteurs, participent aussi au dialogue.

Cette oeuvre en forme de préambule est destinée à poser l’enjeu du cycle La Traversée des langages : confronter la parole des scientifiques, des philosophes, des mathématiciens, des linguistes… à celle des poètes. Le style d’Armand Gatti demeure à la fois abstrait, très oral, et bien sûr taillé pour le collectif. La forêt de mots qui s’offre à nous, très vaste, marque. Mais surtout, sous nos yeux, l’oeuvre n’est apparue ni datée, ni vieillie : on aime qu’elle procède par questionnements, qu’elle tourne autour des mêmes motifs, qu’elle fasse entrer en résonance les forêts… Au cours des deux soirs de spectacle, les comédiens qui l’ont portée ont su lui donner beaucoup de rythme et d’humanité, inventant des espaces à partir de rien, avec force et simplicité, au cœur d’une scénographie ouverte, à la fois discrète et inspirante. On garde en tête des passages : le jeu physique de la Didascalie au départ ; le dialogue avec les marins du Cuirassé Potemkine, cachés dans les gradins ; l’intervention du Réel, figuré par une actrice nous demandant, en plein spectacle, si nous « n’aurions pas trouvé le livre qu’elle a oublié sous son siège » ; la figuration d’un arbre, au sol… D’autres finiront sans doute par revenir.

On se prend à rêver, dès lors, de voir le cycle remonté en entier : car recevoir cette langue dense amène toujours un peu de souffle, en nous. On peut prédire que cette oeuvre littéraire ne va pas de sitôt quitter les scènes théâtrales – ou non-théâtrales – et ce malgré les changements à venir à la Maison de l’Arbre pour 2017…

* Suite à Didascalie se promenant seule dans un théâtre vide, la troupe Algarade de Strasbourg a interprété une partie de L’Inconnu n°5 du fossé des fusillés du pentagone d’Arras, autre texte d’Armand Gatti, écrit en 1996. (Chef de troupe : Moha Melhaa. Troupe composée de Kevin Back, Francisco Guerrero, Ane Groh, Maxime Knepfel, Alexandru Panfile, Sophie Poma, Nadège Rigault, Maria-Luisa Ugaz-Merino, Maxime Weinmann.) Ce travail – des « opéras », contenant toutes les thématiques du cycle La Traversée des langages – sera présenté les 29 et 30 septembre à Strasbourg (Maison de l’Amérique latine).

Didascalie se promenant seule dans un théâtre vide a été interprété par Benoît Artaud, Alexeï Blajenov, Pierre Descamps, Estelle Guérot, Dominique Habib, Fotini Panoutsopoulou, Liliane Plaquet, Jemma Saïdi, Philippe Serra, Sarah Sourp, Dalila Tehami, Léa Visinet, Joël Zoumana. Mise en scène : Matthieu Aubert. Scénographie : Stéphane Gatti. Assistant à la mise en scène : Joël Zoumana. Stagiaire à la communication : Pierre Descamps. Coproduction : Idéokilogramme / La Parole errante.

 

Visuel : © Idéokilogramme / La Parole errante

 


Armand Gatti : vers une liquidation judiciaire de La Parole errante? par Jean-Pierre Thibaudat. Mediapart, 19 mai 2016


Article paru dans Le Parisien le 9 décembre 2013

 

Article paru dans la Revue Cassandre/Horchamps, n°100, janvier-mars 2015

Dans les pas du poète, du monde entier à sa maison.

Entretien de Stéphane Gatti

 

Lire / télécharger l’article en pdf

 

Revue Cassandre / Horschamps

www.horschamp.org

 

 

 

 

 

 

 


Article paru dans Le Parisien le 9 décembre 2013

NB : Le Président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, a inauguré le 9ème Salon de l’artisanat du Mali,

à La Parole errante, le 7 décembre 2013

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Article paru dans le n° 94 de la Revue Cassandre/Horschamp. Eté 2013

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

Article paru dans Le Parisien du 12 juin 2013

 

Ta parole, le petit festival devenu grand. Marie-Pierre Bologna 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 Article paru dans le n° 84 du journal de la ville de Montreuil, Tous Montreuil,
du 23 octobre au 12 novembre 2012

 

 

 

 


 

Article paru dans le n° 104  du journal CQFD d’octobre 2012

Le Firk, c’est chic

À Montreuil au 7, rue François-Debergues, dans le neuf-trois, le café-librairie Michèle Firk est animé par une dizaine de copains et copines « organisés de manière coopérative pour tenter de créer un lieu intermédiaire ouvert sur la ville ». Poussons la porte.

par Rémy Cattelain {JPEG}Dans les rayonnages se pressent des centaines de romans, livres de socio, de philo, d’histoire, quelques pièces de théâtre, des fanzines, des bédés, des livres pour enfants petits et grands, un infokiosque.

« Vous voulez boire quelque chose ? propose Niko, un café, un thé… » On demande si on est obligés, comme dans n’importe quel café. « Bien sûr que non ! On n’est pas obligé de consommer ici. Même les livres. Si tu veux, tu peux prendre un bouquin, tu te poses là, tranquille et puis tu bouquines comme tu le souhaites. » Le classement des livres donne une idée de l’orientation tout à fait claire de l’endroit : question de genre, histoire, sociopolitique, frontières, anti-indus… Ici le livre est contestataire, parfois militant, souvent corrosif. « Mais pas seulement ! », ajoute Bérénice. On ne trouvera pas les best-sellers de la rentrée littéraire, mais les dernières parutions des éditeurs indépendants mélangées à des livres d’occasion à prix cassés. Et l’on finit souvent par tailler le bout de gras à propos d’une BD ou d’un Deleuze, accompagné ou non d’un café.

Le café-librairie Michèle Firk [1] , ce n’est pas vraiment un café et pas vraiment une librairie non plus. Ni une bibliothèque. Ni un lieu de réunion, de diffusion, de rencontre… Chez Michèle Firk c’est un peu tout ça à la fois, enveloppé dans des tapis et débarrassé de tout recours à l’informatique : « Depuis le début, on s’est dit qu’on s’interdirait la présence de tout ordinateur ici », précise Grégory. Renouer avec le papier, avec sa temporalité et sa permanence, jusque dans la gestion des stocks et des comptes. C’est plus difficile au quotidien, mais bien moins virtuel aussi. Grégory nous explique : « Le local nous est prêté par La Parole Errante [2]. Et nous, on est tous bénévoles de l’association. On est donc totalement autonomes.

Alors c’est sûr qu’économiquement c’est assez simple : la vente des livres nous permet d’acheter d’autres livres tout en permettant aux petites maisons d’édition amies de ne pas trop rogner leur marges. »

Ouvert au printemps dernier, l’endroit s’enorgueillit d’avoir déjà organisé des concerts de soutien (aux familles des inculpés de Villiers-Le-Bel), des soirées de présentation (revues Z ou Article 11) ou des débats (Do it yourself, Jujitsu et politique…). Et leur programme pour 2012/2013 promet d’être riche. Ouvert du mercredi au dimanche inclus, parfois jusqu’à très tard, les bénévoles vident cafetière sur cafetière pour tenir le rythme.

Alors, tout va pour le mieux, dans le meilleur des mondes des livres ? « Comme souvent, ce qui est passionnant mais difficile, c’est le côté collectif, tempère Bérénice, c’est beaucoup de boulot pour si peu de personnes. Et puis parfois on est pas d’accord et ça gueule… » Parfois aussi la critique n’est pas qu’interne. Et nombre de grincheux ont reproché aux cafetiers-libraires de ne faire, en fin de compte, que tenir un commerce comme un autre. Pourquoi faut-il payer les livres ? Les cafés ? Même si ce n’est pas cher. « Évidemment, acquiesce Niko, on aimerait tous que tout soit gratuit ici. Mais les livres ne se font pas tout seuls : il y a des éditeurs indépendants derrière ces livres, des éditeurs qui payent le papier et des gens. Si on ne paye pas ces livres-là… ils ne seraient pas imprimés et nous n’aurions que les livres d’Alain Minc à lire. Avouez que ce serait con ! »

« Nous ce qu’on veut, conclut Sara, c’est créer une librairie qui nous ressemble, avec les livres qui nous plaisent… pour permettre à tous de les lire. »

Notes

[1Michèle Firk était une cinéphile active, critique de cinéma à Positif mais aussi une militante passionnée (porteuse de valise pour le FLN algérien). Elle rejoint la guérilla au Guatemala et préfère se suicider que d’être arrêtée pas la police en septembre 1968.

[2La Parole Errante, qui accueille la librairie, est un centre international de création et de diffusion dirigé par le dramaturge anarchiste Armand Gatti et Jean-Jacques Hocquard au 7, rue François-Debergue, Montreuil-sous-bois.


 

Article paru dans le n° 75 du journal de la ville de Montreuil, Tous Montreuil,
du 17 avril au 14 mai 2012

 

 

 

 

 

 


 

 

Article paru dans le n° 72 du journal de la ville de Montreuil, Tous Montreuil,
du 6 février au 19 mars 2012

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Article paru dans le n° 71 du journal de la ville de Montreuil, Tous Montreuil,
du 14 février au 5 mars 2012

 

 

 

 


 

 

 

Article paru le 23 avril 2009 dans le n° 926 de la Revue hebdomadaire Lien social



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Revue de presse culturelle d’Antoine Guillot

 

FRANCE CULTURE 02.03.2015  –  Défense des territoires de la République

 
« Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de récits : c’est indispensable à l’existence même d’une société laïque », tel est le cri lancé par des metteurs en scène et directeurs de CDN, qui défendent leurs théâtres comme « territoires de la République ». Et pendant ce temps, le ministère de la Culture semble lâcher la Parole errante d’Armand Gatti… ECOUTER EN LIGNE